TRADUCTION DE: MICROBIOLOGY 101 INTERNET TEXT
CHAPITRE VII: MÉTABOLISME ET BIOCHIMIE
Version originale: 11-10-96, traduite le 08-02-97
TABLE DES MATIÈRES
LE MÉTABOLISME MICROBIEN
LE MÉTABOLISME EST L'ÉTUDE DE LA NATURE
CHIMIQUE DES ORGANISMES VIVANTS ET DE LA FAÇON DONT ILS TRANSFORMENT
ET UTILISENT LES NUTRIMENTS POUR VIVRE, CROÎTRE ET SE REPRODUIRE.
POURQUOI ÉTUDIER LE MÉTABOLISME BACTÉRIEN?
-
1. Pour le plaisir de comprendre comment les bactéries
fonctionnent.
-
2. Parce ce que ça pourrait être utile dans
le traitement de maladies.
-
3. Parce que ça pourrait servir à mieux utiliser
les bactéries d'intérêt industriel ou environnemental.
-
4. Étant donné le "principe de similitude",
ce qui serait découvert avec les bactéries serait transposable
sur les cellules végétales et animales. Plus de 98% des gènes
de l'humain et du chimpanzé sont identiques. On dit que les gènes
qui sont très proches à travers le monde vivant sont CONSERVÉS.
Puisque plusieurs gènes bactériens sont semblables à
ceux des humains, l'étude des gènes bactériens renseigne
sur la biochimie humaine.
-
5. Parce que les bactéries sont peu dispendieuses
et faciles à cultiver en masse. Jusqu'à
maintenant, aucun groupe ne s'est encore porté à la défense
des bactéries, pour en restreindre l'utilisation en recherche
.
LES PRINCIPES DE BASE DU MÉTABOLISME
1. Le
métabolisme doit aller chercher et utiliser l'énergie EFFICACEMENT.
2.
Les consommateurs les plus efficaces SURVIVENT ET REPRODUISENT leurs GENES
de sorte que cet avantage est maintenu par leur progéniture. EN
AUTANT QUE L'ENVIRONNEMENT QUI A SÉLECTIONNÉ CES GÈNES
RESTE LE MÊME, les descendants de ces cellules auront un avantage
compétitif (processus de sélection naturelle).
3.
Le métabolisme suit les lois de la thermodynamique.
4.
Pour comprendre le métabolisme, il faut connaître ses composantes
et comment elles interagissent dans un organisme vivant.
CATABOLISME ET ANABOLISME
On peut reconnaître dans le métabolisme cellulaire
le catabolisme et l'anabolisme. Les réactions CATABOLIQUES impliquent
le fractionnement de macromolécules en plus petites sous-unités.
À l'opposé, les réactions ANABOLIQUES utilisent de
l'énergie et de petites molécules pour construire des
macro-molécules cellulaires.
Figure 1. Anabolisme et catabolisme. Les autotrophes utilisent
directement le CO2 pour produire des glucides. Ces sucres sont alors polymérisés
pour former de grandes molécules telles l'amidon, la cellulose et
les parois bactériennes. Ces réactions nécessitent
de l'énergie qui est alors emmagasinée dans ces molécules.
Quand ces macromolécules sont brisées en plus petites unités
et sont finalement oxidées (catabolisme), l'énergie contenue
est alors relâchée.
LE PRINCIPE DE BASE DE
LA VIE: LA CAPACITÉ À RECONNAITRE DES MOLÉCULES.
Nous savons tous que les organismes vivants sont complexes.
Le développement, à partir d'un oeuf fécondé,
des magnifiques personnes que nous sommes, avec deux mains, deux yeux,
deux jambes, etc., et tous ça à la bonne place ne peut cesser
de nous émerveiller. Essayez seulement d'imaginer comment certaines
cellules d'un embryon peuvent savoir qu'elles doivent former un nez, d'autres
un oeil, ou un foie, etc... Dans certains cas, de terribles erreurs se
produisent durant le développement du foetus et des organes peuvent
ne pas être à la bonne place, ou encore être déformés,
ou ne pas exister du tout. Comment et pourquoi se produisent ces erreurs
et surtout, comment se fait-il qu'elles ne se produisent pas plus souvent?
Une réponse très simple à ces questions
est la RÉGULATION,
à un très haut niveau, qui permet à un organisme de
contrôler le fonctionnement de chacune de ses cellules. Cette régulation
n'est possible que par la capacité des biomolécules de se
reconnaître et de s'identifier les unes aux autres. Basé sur
cette reconnaissance, ces molécules réagiront selon un programme
pré-établi. La figure ci-dessous illustre ce principe de
base.
Figure 2. Le principe de la reconnaissance moléculaire.
Une cellule typique contient plusieurs molécules exposées
à l'environnement et en communication avec l'extérieur. Elles
contiennent toutes des portions spécifiques nommées RÉCEPTEURS
ou SITE D'ADHESION. D'autres molécules dans l'environnement contiennent
des composantes spécifiques, des LIGANDS. Ces ligands ont la capacité
de se lier uniquement à un récepteur à la surface
cellulaire. Suite à cette liaison, un message (chimique) est envoyé
à l'intérieur de la cellule. Ce message à son tour
active le CENTRE de COMMANDE de chaque cellule afin de stimuler une série
de réponse pré-programmées basées sur les informations
reçues. (figure utilisée avec la permission de Sigma Chemical
Co)
ENZYMES
Les enzymes sont des protéines qui jouent le rôle
de catalyseur cellulaire. Toutes les protéines sont constituées
de 20 ACIDES AMINÉS liées en une chaîne linéaire.
Les 20 acides aminés diffèrent dans leur nature chimique,
sont liés entre eux par des liens covalents appelés liens
PEPTIDIQUES. Ce sont des liaisons fortes, qui peuvent cependant être
brisées par des enzymes, les PROTEASES. La séquence unique
d'acides aminés propre à chaque protéine constitue
sa STUCTURE PRIMAIRE. Cette structure est déterminée par
une portion de code génétique d'ADN, un gène, qui
régule sa production, son expression. La structure primaire détermine
la fonction de la protéine et un changement dans cette structure
va certainement affecter l'activité de cette protéine ou
de cette enzyme.
Les acides aminés peuvent être divisés
en quatre catégories:
-
NON-POLAIRES: glycine,
alanine, valine, leucine, isoleucine, méthionine, phénylalanine,
tryptophane, proline; groupements hydrophobes.
-
POLAIRES: sérine,
cystéine, asparagine, glutamine, tyrosine, thréonine; groupements
polaires, hydrophiles.
-
ACIDES (CHARGÉS NÉGATIVEMENT):
aspartate, glutamate; groupements acides, hydrophiles.
-
BASIQUES (CHARGÉS POSITIVEMENT):
lysine, arginine, histidine; groupements basiques, hydrophiles.
Figure 3. Stucture et composition d'une protéine.
Chaque protéine est généralement repliée d'une
façon caractéristique, qui lui confère son activité
spécifique. En général les acides aminés non-polaires
s'associent et se regroupent à l'intérieur de la protéine,
alors que les acides aminés hydrophiles se retrouveront à
l'extérieur de la protéine. Site internet site pour voir
des protéines 3-D: Images
de proteines. Pour voir une image 2-D d'une protéine se liant
à l'ADN, cliquez ici.
Les enzymes sont responsables de toutes les réactions chimiques
cellulaires. Chaque enzyme est unique et chacune n'a qu'une seule réaction
à catalyser, avec une sélectivité très élevée.
Une bactérie est comme un coffre d'outils, qui contient normalement
approx. 1000 outils (enzymes) différents et spécifiques pour
un travail précis, mais qui peut contenir jusqu'à 4000 outils
lorsque requis.
COMMENT FONCTIONNENT LES ENZYMES
Les enzymes jouent le rôle de catalyseurs, accélérant
des réactions chimiques qui peuvent se produire naturellement, mais
à des taux beaucoup plus lents. Une des caractéristiques
des enzymes est qu'elles ne sont pas utilisées ou transformées
durant une réaction chimique. Elles peuvent donc servir plusieurs
fois. Le principe d'action est basé sur le fait que la plupart des
réactions endothermiques (?)
nécessitent un apport d'énergie afin de démarrer.
Une fois ces réactions amorcées, elles vont se poursuivre
spontanément. Cette énergie initialement requise est appelée
l'ÉNERGIE D'ACTIVATION. Alors qu'on peut amorcer une réaction
en suppléant de l'énergie, une enzyme agit plutôt en
se liant aux réactifs de façon à faciliter leur réaction
et ainsi abaisser l'énergie d'activation requise. La température
de l'environnement cellulaire est alors suffisante pour faire franchir
le seuil de l'énergie d'activation aux réactifs et les faire
réagir.
Figure 4. Énergie
d'activation et effet de l'enzyme.
Les enzymes ont aussi les caractéristiques suivantes:
-
Elles sont grandes par rapport aux molécules qu'elles
font réagir. La protéine moyenne a un PM de 40,000 et contient
approx. 360 acides aminés (pour un PM moyen d'ac. aminés
de 111).
-
Les enzymes travaillent très rapidement, réalisant
la transformation de milliers de molécules par seconde. La vision
par exemple traite chaque donnée lumineuse par des centaines de
réactions chimiques différentes, chacune contrôllée
par des enzymes. Lorsque l'on balaie une pièce du regard, des millions
de morceaux d'information pénètrent l'oeil à chaque
seconde et ces informations sont traitées par des milliers d'enzymes
dans les yeux et le cerveau en temps réel.
-
Chaque enzyme a sa propre structure fonctionnelle. Cette
structure lui donne la capacité de se lier la molécule qu'il
doit transformer, son SUBSTRAT.
-
Les enzymes ont en général un nom se terminant
en "ASE", et son nommées en fonction du substrat qu'elles transforment.
Par exemple, les protéases digèrent les protéines,
les lipases digèrent les lipides ou les gras, les DNases morcèlent
l'ADN, la lactate déhydrogénase agit sur le lactate, la glucose-6-phosphatase
ajoute un groupement phosphate au glucose (deux informations!), etc.
LE PARADIGME DE LA CLÉ ET DE
LA SERRURE.
Le paradigme de la clé et de la serrure (Fig.
2) décrit le principe le plus fondamental du mécanisme
vital et explique comment les organismes vivants s'organisent. En bref,
ce niveau d'organisation est possible grâce à des INTERACTIONS
EXTRÊMEMENT SPÉCIFIQUES entre les molécules. Dans la
grande majorité des cas, une des composantes de ces interactions
est une protéine et la plupart de ces protéines sont des
ENZYMES. Dans chaque cas, on retrouve sur la protéine un SITE ACTIF,
conformé pour interagir uniquement avec le substrat visé.
Lorsque cela se produit, une liaison chimique peut être formée
ou brisée, ou un lien peut être créé qui va
créer une structure auto-assemblable ou régulatrice. Dès
qu'il est question d'enzyme, d'anticorps, d'antibiotiques, de virus, du
développement d'un embryon ou de l'interaction d'une hormone, le
paradigme clé/serrure est en cause.
Figure 5. Analogie de la clé et de la serrure.
Tout comme la clé a une forme particulière qui lui permet
de n'ouvrir qu'une seule serrure, une enzyme a une forme et un site actif
qui ne lui permet d'agir d'une façon unique que sur un seul substrat.
La spécificité de l'enzyme pour un substrat
est telle que le changement de position d'un seul atome d'hydrogène
sur la molécule-substrat peut bloquer l'interaction avec l'enzyme,
et/ou la réaction. Le bon substrat s'insère toujours dans
le site actif de l'enzyme. Lorsque le substrat est une grande molécule,
l'enzyme peut se déformer car la stucture tertiaire (la forme) de
l'enzyme est maintenue par des liaisons faibles. Remarquez par exemple
comment l'enzyme EcoR1 s'est repliée autour de l'ADN, son substrat.
Figure 5a- L'enzyme de
restriction EcoR1 autour de son substrat, une séquence spécifique d'ADN.
Figure 6. Rapport de taille entre l'enzyme et le substrat.
Dans le case du glucose (PM=180) l'enzyme de PM approx. 40,000 est beaucoup
gros. Dans le cas d'un substrat tel que l'ADN ou la cellulose, l'enzyme
peut être plus petite que son substrat, mais la région sur
laquelle l'enzyme agit est plus petite que l'enzyme.
Figure 7. L'effet du changement
de position d'un seul atome d'une molécule peut faire en sorte que
le substrat ne sera plus reconnu par l'enzyme et donc ne réagira
pas. Dans ce cas-ci, le simple le déplacement d'un groupement OH
sur un sucre, passant du sucre A au sucre B, empêchera la réaction
avec l'enzyme et vice versa.
L'union entre un substrat et l'enzyme est appelé
le complexe enzyme-substrat. Cliquez
ici pour voir un complexe enzyme-substrat.Ce site contient des centaines
de molécules mais est lent...
Figure 8. Le site actif d'une
enzyme. Interaction, création du complexe enzyme-substrat, réaction,
relarguage du ou des produits.
QUESTION: Si une bactérie thermophile (adaptée à un environnement chaud) et une psychrophile
(adaptée à un environnement froid) ont toutes
les deux des enzymes qui agissent sur la même réaction chimique,
laquelle de ces enzymes abaisserait le plus l'énergie d'activation
de cette réaction et pourquoi?
COFACTEURS
Plusieurs enzymes nécessitent de petites molécules
non-protéiques pour être actives. La portion protéique
de cet enzyme sera alors appelée apoenzyme,
la partie non-protéique, cofacteur,
et l'enzyme complète, holoenzyme.
Les cofacteurs pourront être de nature organique, ce sont des VITAMINES,
ou inorganique, appelés MINÉRAUX.
Certains cofacteurs seront fortement liés à l'apoenzyme c'est
un alors un groupe prosthétique.
Dans plusieurs cas cependant, le cofacteur est faiblement lié à
l'apoenzyme. Ce cofacteur peut même alors servir de navette, transportant
des portions de substrat d'une enzyme à l'autre. C'est alors une
coenzyme. Les cofacteurs font généralement parti du site
actif et sont donc en contact avec le substrat. Ils sont donc en bonne
position pour recevoir une partie d'un substrat ou ou pour en apporter
à un autre substrat. Les coenzymes peuvent servir à transporter
des groupements méthyl, des électrons et des protons.

Figure 9. Coenzyme en action. À gauche, un cofacteur
vide est en place dans le site actif d'un holoenzyme. Lorsque le substrat
se lie au site actif, une partie en est séparée et se lie
au coenzyme. Le substrat tronqué (le produit) et la coenzyme se
détachent alors de l'enzyme. À droite, la coenzyme chargée
se place dans le site actif d'une autre enzyme et cède la portion
de la molécule transportée à un autre substrat, qui
une fois modifié se sépare de cette deuxième enzyme,
en même temps que la coenzyme. La coenzyme est alors prête
pour un autre cycle.
Une personne manquant d'une vitamine ou d'un minéral
ne peut survivre et ultimement mourra. Cependant, ce processus peut être
long puisque en général les cofacteurs ont une longue durée
de vie et qu'une quantité infime seulement est requise. Les cofacteurs
métalliques sont souvent dénommés ÉLÉMENTS
TRACE. Les autres composantes du milieu de culture et la verrerie utilisée
pour le préparer (le milieu) en contiennent souvent suffisamment
pour satisfaire aux besoins des microorganismes. Lors de l'étude
du métabolisme du fer, les milieux de culture et la verrerie doivent
être traités de façon a éliminer toute trace
de fer, sans quoi les effets de la carrence en fer ne peuvent être
observés.
Figure 10. Effet du groupe
prosthétique. Ici, le site actif ne peut être correctement
conformé à moins qu'un ion métallique ne soit en place.
Les plantes et les animaux sont plus vulnérables
aux carence en vitamines et minéraux. L'être humain est une
des rares formes de vie qui ne synthétise pas sa propre vitamine
C. La vitamine C a une courte demie-vie et nécessite un apport constant.
La carence en vitamine C peut entraîner le scorbut, maladie fréquente
aux débuts de la colonie.
LES INHIBITEURS ENZYMATIQUES
Les enzymes sont des molécules relativement stables
qui peuvent rester actives longtemps dans une cellule. Certaines enzymes
peuvent même résister à la température d'ébullition.
Cependant la plupart sont détruites ou DÉNATURÉES
lorsque exposées à des conditions différentes de celles
normalement retrouvées dans leur cellule d'origine. Par exemple,
la plupart des enzymes sont détruites à des températures
supérieures à 60ºC. La protéine constituant le
blanc de l'oeuf est dénaturée lorsque chauffée quelques
minutes dans l'eau bouillante. Dans plusieurs cas, les enzymes peuvent
être entreposées sous forme de poudre, ou congelées
pour plusieurs années. Plusieurs détergents contiennent des
enzymes résistants à la chaleur et au pH élevés.
On utilise des enzymes pour attendrir les viandes, digérer les polysaccharides
producteurs de gaz des fèves et le lactose qui rend malade les personnes
intolérantes au lactose. Connaissez vous quelqu'un intolérant
au lactose?
Les enzymes peuvent aussi être désactivées,
ou inhibées, par certaines molécules appelées inhibiteurs
enzymatiques. Il existe deux catégories importantes d'inhibiteurs
enzymatiques, soit les inhibiteurs COMPÉTITIFS
ou
NON-COMPÉTITIFS. Les inhibiteurs
compétitifs sont des molécules qui ressemble suffisamment
au vrai substrat de l'enzyme pour occuper son site actif, mais sans y réagir.
Ses substances ANALOGUES accaparent
les sites actifs normalement utilisés par le vrai substrat et entrent
donc en compétition avec ce dernier. Ce genre de produit chimique
peut être utilisé pour affecter des enzymes vitales de pathogènes
afin de les enrayer. Par exemple, l'AZT bloque un enzyme important du VIH;
les sulfamidés (antibiotique) ressemblent au p-aminobenzoate (PABA),
un substrat impliqué dans la formation de l'acide folique, une vitamine;
la péniciline bloque une enzyme bactérienne essentielle pour
la formation d'une liaison du peptidoglycane.
Figure 11. L'acide folique est essentiel pour plusieurs
bactéries. Les sulfamidés sont des analogues du PABA, un
précurseur de l'acide folique. Les enzymes responsables de la transformation
du PABA sont empoisonnés par les sulfamidés et perdent leur
capacité de synthétiser l'ac. folique. Les humains ont aussi
besoins d'acide folique mais ne sont pas affectés par les sulfamidés.
Pourquoi? Le
gouvernement américain (3-96) a récemment autoriser l'ajout
d'acide folique à plusieurs aliments afin de réduire l'incidence
des diformités foetale. Toutes les jeunes femmes enceintes devraient
prendre des suppléments d'acide folique.
INHIBITION NON-COMPÉTITIVE
NON-SPÉCIFIQUE
L'inhibition non-compétitive peut être subdivisée
en deux catégories. L'une d'entre elle, l'inhibition NON-SPÉCIFIQUE,
dénature ou inhibe plusieurs enzymes différentes. On y retrouve
des métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, nickel), le cyanure
et le monoxyde de carbone. Les deux derniers se lient au fer, un minéral
important requis par tous les systèmes biologiques. Par exemple,
le cyanure tue parce ce qu'il se lie au fer de l'hémoglobine et
empêche le transport de l'oxygène.
INHIBITION NON-COMPÉTITIVE
SPÉCIFIQUE
Dans un environnement organisé comme la cellule, l'activité
enzymatique doit être contrôlée (régulée)
afin de maintenir un équilibre entre les substrats et les produits.
Ce contrôle est le résultat d'un mécanisme de RÉTRO-INHIBITION
(FEEDBACK INHIBITION). Lors de la rétro-inhibition,
le produit d'une réaction enzymatique, ou d'une série de
réactions enzymatiques dans une voie métabolique, agit sur
cette enzyme afin de réduire son niveau d'activité. C'est
l'effet ALLOSTÉRIQUE. Les inhibiteurs
non-compétitifs spécifiques, ordinairement des molécules
organiques, ou effecteurs allostériques, se lient sur des sites
spécifiques, appelés sites allostériques, situés
sur des enzymes allostériques, et influencent l'activité
du site actif de ces enzymes. Il apparaît logique que la cible de
la plupart des effets allostériques sont les enzymes qui utilisent
de l'énergie pour compléter leur réaction ou encore
des enzymes au point de jonction de deux voies métaboliques. L'effecteur
allostérique n'est pas lié de façon permanente à
l'enzyme sur lequel il agit; son effet est donc RÉVERSIBLE
et dépendra de sa concentration. Au fur et à mesure que ce
produit sera consommé par une autre réaction, sa concentration
baissera, l'effet allostérique diminuera et la synthèse du
produit reprendra. Ce processus peut devenir extrêmement complexe
puisque une seule enzyme critique peut être régulée
par plusieurs produits et de différente façon.
L'inhibiteur allostérique s'insère dans
le site allostérique par le même mécanisme de clé
et serrure que le substrat dans le site actif. Cependant, le
site allostérique est distinct du site actif, n'étant
pas situé au même endroit sur la protéine. L'effet
allostérique agit généralement sur l'activité
en modifiant la forme du site actif.
Plusieurs effecteurs allostériques peuvent agir sur la même
enzyme par des sites allostériques différents. Les effecteurs
peuvent aussi permettre la conformation correcte de sites actifs, on parle
alors d'effecteurs allostériques positifs.
La diminution de l'activité enzymatique par effet allostérique
sera plutôt due à un effecteur allostérique
négatif.
Il est important de retenir que la formation du complexe
enzyme-molécules allostérique est réversible. La formation
de ce complexe est le produit de deux facteurs: 1) la concentration de
la molécule allostérique et 2) la force d'attraction (l'affinité)
entre la molécule allostérique et le site allostérique.
Si la concentration en effecteur est faible, la probabilité qu'il
se lie au site allostérique sera faible et l'enzyme sera peu inhibée.
Mais si l'attraction site/effecteur est grande, à une concentration
d'effecteurs donnée, un plus grand nombre de sites allostériques
seront occupés et l'effet inhibiteur sera plus important.
Figure 12. Effet allostérique
LES MÉCANISMES
DE RÉGULATION: MODIFICATIONS CHIMIQUES SPÉCIFIQUES
Une autre façon de contrôler l'activité
d'un enzyme est de le MODIFIER CHIMIQUEMENT.
Ceci peut être effectué par une autre enzyme ajoutant par
une liaison covalente un groupement (ex: un groupement phosphate) à
un autre enzyme. Cette modification peut aussi bien réduire qu'augmenter
l'activité enzymatique, dépendemment de la régulation
requise. Lorsque un retour au niveau d'activité initial est requis,
une autre enzyme peut enlever le groupement. Une enzyme sans le groupement
phosphate peut être inactive et être activée par l'addition
de ce groupement, ou vice versa.
Figure 13. Régulation enzymatique par modification
chimique.
COMMENT ÉTUDIER LES ENZYMES
Une enzyme est étudiée en mesurant son activité.
L'activité enzymatique est normalement mesurée en suivant
la disparition du substrat ou l'apparition du produit de la réaction
enzymatique. Pour obtenir une enzyme, des cellules de plantes, animales
ou des bactéries sont rupturées pour permettre la récupération
du cytoplasme. Le cytoplasme contient toutes les ENZYMES SOLUBLES d'une
cellule. Puis l'enzyme recherchée est séparée des
milliers d'autres. La purification d'enzyme a déjà été
une tâche complexe nécessitant des années pour purifier
quelques milligrammess de substance. Les améliorations technologiques
des 30 dernières années peuvent maintenant permettre de purifier
quelques grammes en quelques jours. Certains enzymes restent cependant
très difficiles à isoler. Une fois isolée, l'enzyme
pure est caractérisée selon son pH optimal, sa taille, ses
besoins en cofacteurs, etc. Les techniques de biologie moléculaire
actuelles permettent de rapidement isoler le gène qui exprime la
protéine d'intérêt et d'étudier
la régulation de ce gène in vivo.
Figure 13a: Electrophorèse
Figure 13b: Électrophorèse

Figure 13c: gel d'électrophorèse.
Figure 13d. Séparation par gradient de densité
Figure 13e. Séparation par gradient de densité
(suite)
Figure 13f. Séparation par colonne de chromatographie
Figure 13g. Principe de la filtration par gel
LES VOIES MÉTABOLIQUES
Les processus biochimiques peuvent être vus comme des
LIGNES DE MONTAGES DE RÉACTIONS CHIMIQUES
SÉQUENTIELLES, chacune contrôlée par une
seule enzyme. Les biochimistes ont donné aux différentes
séries de réactions enzymatiques, les voies métaboliques,
des noms tels le CYCLE
DES ACIDES TRICARBOXYLIQUES (TCA), la GLYCOLYSE,
etc. (cliquez sur les voies métaboliques pour voir des animations
de chaque étape en utilisant le programme Chime) pour faciliter
les discussions. Cependant il faut bien prendre conscience que dans une
cellule, toutes ces réactions ont lieu simultanément et agissent
les unes sur les autres.
Figure 14. Illustration d'une série de voies métaboliques
inter-reliées. Les lettres bleues représentent
les substrats étant transformés par les enzymes. Le nombre
d'enzymes requises pour convertir un substrat en un produit donné
est indiqué en vert.
La
cellule doit réguler la concentration des produits en tous points.
Par exemple, si la cellule a besoin de beaucoup de C, mais pas de G ou
H, et juste un peu de K, les flux de substrats s'ajusteront en conséquence.
Bien que la plupart des voies métaboliques soient
connues, certaines voies spécialisées restent mystérieuses,
telles que celles responsables de la synthèse de certains antibiotiques.
La grande partie de la recherche actuelle porte sur la régulation
de l'activité et de la synthèse enzymatiques. Par exemple,
toutes les cellules dans le corps humain contiennent l'ensemble des gènes
humains, cependant seulement une petite partie de ces gènes sont
actifs dans une cellule donnée. La spécialisation des activités
cellulaires ainsi que le développement d'un individu à partir
d'une paire de cellules sont des processus encore mal compris. La découverte
des mécanismes par lesquels certains jeux de gènes spécifiques
sont activés ou réprimés, dans le temps et l'espace,
reste un défi majeur fantastique pour les chercheurs.
Cliquez
ici pour une excellente présentation d'une voie métabolique
importante: la glycolyse. Cliquez
ici pour un choix de voies métaboliques à observer.
LA PRODUCTION D'ÉNERGIE
Les organismes vivants obtiennent leur énergie de
deux façons possibles, soit directement par PHOTOSYNTHÈSE
ou indirectement par la dégradation de MOLÉCULES RICHES EN
ÉNERGIE. Le soleil reste la source d'énergie de la majorité
des formes de vie sur terre, soit directement en accumulant l'énergie
lumineuse directement en utilisant des pigments, ou indirectement à
partir de molécules qui ont été formées par
des organismes photosynthétiques. Seulement quelques procaryotes
ont la capacité d'oxyder des molécules INORGANIQUES, riches
en énergie comme le soufre, l'hydrogène, l'ammoniaque ou
le monoxyde de carbone et d'emmagasiner cette énergie sous la forme
de molécules organiques.
On retrouve des micro-organismes photosynthétiques
ches les eucaryotes et les procaryotes. Les deux emploient une variation
de la chlorophylle, une molécule
contenant du magnésium qui capte
la lumière. Plusieurs organismes utilisent des pigments accessoires
pour absorber certaines parties du spectre lumineux et les transférer
à la chlorophylle. On peut observer ces pigments accessoires sur
les feuilles en automne. Chez les procaryotes, les pigments accessoires
masquent souvent la chlorophylle, donnant à ces organismes une variété
de couleurs telles le brun, plusieurs rouges, violets, jaunes, bleus et
verts. LA majorité des procatyotes photosynthétiques sont
anaérobies obligatoires et ne produisent pas d'oxygène comme
sous-produit de la photosynthèse. Cependant, un groupe important,
les CIANOBACTÉRIES sont OXYGÉNIQUES (produisent de l'oxygène).
Il y a des preuves solides à l'effet que ces bactéries seraient
à l'origine de la formation de l'oxygène moléculaire
sur notre planète. Il est aussi fort probable que les chloroplastes
des plantes vertes proviennent des cyanobactéries, devenues organelles
chez ces grandes cellules.
Les eucaryotes et les procaryotes OXYDENT les molécules
riches en énergie pour obtenir de l'énergie. L'oxydation
consiste à arracher une paire de proton/électron de ces molécules
riches et de les donner à l'atome d'oxygène pour former de
l'eau, en relâchant l'énergie contenue et en la capturant
dans une molécule organique, l'adénosine triphosphate, ou
ATP. L'ATP est la batterie de tout organismes vivants. Lors de la photosynthèse,
l'énergie est aussi convertie en ATP. L'ATP contient une chaîne
de 3 molécules de phosphate. Les liens entre les deux derniers phosphates
sont RICHES EN ÉNERGIE et cette énergie peut être relâchée
par des enzymes d'une manière contrôlée de façon
a construire les macromolécules nécessaires à la vie
de la cellule. L'ATP fournit l'énergie pour les processus ANABOLIQUES.
L'ATP est une petite molécule qui peut se déplacer facilement
dans la cellule. Elle est aussi stable (on peut conserver de l'ATP sous
forme de poudre durant des années au congélateur), mais pas
trop stable. POURQUOI?.
Comme vous devez le savoir, les enzymes qui font ou utilisent
l'ATP ont des sites actifs pour la liaison de l'ATP de façon a utiliser
leur énergie. Lors de la synthèse de l'ATP, une molécule
de phosphate est ajoutée à l'ADP (adénosine diphosphate)
par un processus appelé la PHOSPHORYLATION (ADP + phosphate + énergie
= ATP).
Figure 15. L'adénosine triphosphate (ATP), la monnaie
d'échange énergétique de la cellule. Cliquez
ici pour voir un dessin animé de l'ATP.
Copyright © Dr. R. E. Hurlbert, 1996. This material
may be used for educational purposes only and may not be duplicated for
commercial purposes.
Copyright © A. Garnier, 1997 pour la version française
modifiée (avec la permission de l'auteur). Ce matériel peut
être utilisé à des fins pédagogiques. Aucun
droit de reproduction pour des fins commerciales.